Le débat autour du médium d’enseignement dans les systèmes éducatifs en milieux plurilingues est un débat d’une si brûlante actualité qu’il nécessite, aussi bien de la part des chercheurs que des praticiens, une attention bien particulière. En effet, depuis un demi-siècle d’indépendance des pays africains, il est reconnu que l’utilisation des langues maternelles comme langues d’instruction dans les systèmes éducatifs est une nécessité d’autant plus qu’elles améliorent la qualité de l’éducation et contribuent à une meilleure formation du citoyen acteur de développement.

Aussi, les experts et chercheurs recommandent-ils tous l’instruction en langue maternelle et l’ont exprimé à maintes reprises à travers des publications et à l’occasion de nombreuses rencontres nationales et internationales.
Une analyse des instruments normatifs existants et des rapports des différentes rencontres organisées au cours de cette longue période, montre que tous les pays de l’Afrique ont, à un moment ou un autre et à des degrés divers, pris des initiatives visant à promouvoir leurs langues nationales. Malheureusement, la plupart des décisions prises, il faut le reconnaître, n’ont pas été appliquées efficacement.

En effet, malgré ces multiples rencontres et ces nombreuses décisions politiques des Etats africains pour promouvoir leurs langues nationales au niveau scolaire, dans les faits, c’est une déception quasi-totale dans la plupart de ces Etats. Cette situation est due au fait que la plupart de ces rencontres ou décisions se focalisent sur le ‘‘POURQUOI ?’’ des langues nationales ; sans véritablement passer à des actions concrètes axées sur le ‘‘COMMENT ?’’ des langues nationales (Napon, 2006).

Ici, le ‘‘COMMENT’’ est à comprendre au sens de moyens matériels, techniques, humains et économiques qu’exige toute politique linguistique qui se veut viable. Ainsi, le présent colloque veut aborder les questions des langues d’enseignement à tous les niveaux du système éducatif des pays africains (primaire, secondaire, universitaire) non seulement d’un point de vue linguistique, psychopédagogique et didactique, mais aussi sociologique, politique, économique et juridique en formulant des propositions concrètes pour pallier le problème de la sous-représentation et de la déconsidération des langues nationales dans d’enseignement. En d’autres termes, ce colloque ambitionne de lancer des recherches-actions en donnant l’occasion aux différents participants de formuler des propositions concrètes dans une perspective pluri/interdisciplinaire.

Un regard particulier sera porté sur les différentes initiatives destinées à promouvoir la cohabitation des langues nationales et du français dans les écoles en Afrique et/ou en dehors de l’Afrique. En effet, dans la marche vers la promotion du plurilinguisme scolaire, la plupart des pays africains ont expérimenté et continuent d’expérimenter divers programmes.
Parmi ces programmes figure l’initiative « Ecoles et langues nationales en Afrique » (ELAN-AFRIQUE) de l’OIF qui se veut une réponse au COMMENT ? des langues nationales aux côtés du français en Afrique. En effet, « le programme ELAN-Afrique, lancé en 2012, regroupe 12 pays partenaires d’Afrique subsaharienne qui souhaitent mettre en place ou développer, selon leurs contextes sociolinguistiques et éducatifs respectifs, un enseignement bi-plurilingue français-langues nationales africaines, dans le but d’améliorer la qualité de leurs systèmes éducatifs ».
Ce colloque se propose d’évaluer les progrès réalisés par le système éducatif des pays partenaires de ce programme ELAN-AFRIQUE.
D’un autre côté, se trouve la problématique des mouvements migratoires auxquels font face la plupart des pays du monde. Le colloque 3 du Laboratoire DELLA se propose de porter un regard sur l’intégration linguistique des populations issues des flux migratoires dans la sous-région ouest africaine. En effet, dans notre contexte, le Ghana, pays socialement et politiquement stable dans la sous-région ouest africaine, connait depuis ces deux dernières décennies un flux migratoire important des pays voisins, généralement fragilisés par les crises sociopolitiques et économiques.
Comment se fait l’intégration de ces familles purement francophones qui arrivent dans un environnement anglophone qu’est celui du Ghana ? Cette question fera l’objet de réflexions accompagnées de propositions concrètes au cours des travaux de ce colloque.
Quatre domaines principaux de recherche sont à l’honneur : Education, Linguistique, Cultures et Didactique des langues. En d’autres termes, ce colloque s’adresse à la communauté des chercheurs en éducation, en linguistique, en interculturalité et en didactique, en relation avec un large spectre de sensibilités scientifiques : histoire, sociologie, psychologie, littérature, pédagogie, philosophie, traduction, droit, politique et économie.